Tania Marquise de Samaná

Tout commence il y a longtemps, dans les années mille huit cents dans la ville de Samaná, dans la péninsule de Samaná. C’est là où Juan Isidro est né et où il a acquis, on ne se rappelle pas bien comment ni dans quelles circonstances, le titre de Marquis. Il faut surtout d’abord remarquer qu’il était respecté et aimé dans la région et considéré comme un homme juste et charitable.  Il possédait, on pourra le dire sans exagération, les terres de toute la péninsule.

La péninsule de Samaná, dans la république Dominicaine, est une région pleine de merveilles naturelles, qui compte encore de nos jours quelques-unes des remarquables plages vierges. Un vrai paradis où les eaux turquoise se fondent parfaitement avec le sable blanc. Un endroit où vous pouvez vous perdre au beau milieu d’une végétation exubérante en n’entendant que votre respiration et les chants des oiseaux. Un paradis sur terre, tout simplement.

Juan Isidro s’est marié à Ña Dolores. Il parait que ña, doña, vient de donna en italien. Il est bien connu que les hispanophones d’Amérique n’aiment pas trop les doubles consonnes. Ils ont d’abord enlevé le n de trop et pour faire joli et mettre un peu de style rococo ils ont ajouté le tilde. Finalement pour raccourcir, car ils sont un peu fainéants, ils utilisent seulement Ña. 

Comme le raconte García Márquez dans Cent ans de solitude – et il faut reconnaitre que c’est une réalité et non une marque de style de l’auteur – dans la région de Samaná il y avait aussi l’habitude d’appeler tout le monde avec le même prénom. Et cela de génération en génération, de père en fils et de mère en fille. Même dans ma famille, j’avais cinq grand-tantes qui s’appelaient Carmen. Pour les distinguer ma mère disait : ma tante Carmen de mon grand-oncle Pepito. Pepito était le surnom de son grand-oncle Vicente, surnommé Pepito pour ne pas confondre avec son cousin Vicente, et donc aussi grand-oncle de ma mère, qui évidement avait aussi une fille nommé Carmen.

Dans la région de Samaná, en tout cas dans la famille qui nous concerne, l’habitude n’était pas de donner des surnoms, c’était trop familier et vulgaire. Le fils de Juan Isidro s’appelait Juan Isidro de la Vega et son fils Juan Isidro de la Barria. Jusqu’à ce que nous arrivions en 1900. L’arrière-petit-fils de Juan Isidro s’appelle Domingo et la grande fille de Domingo (on pense qu’il a eu plusieurs enfants), s’appelle Tania.

Presque tous les hommes de la famille se sont dédiés à fond à la politique.  Malheureusement je n’ai pas pu avoir de renseignements complets sur leur tendance politique. Mais le fait que Juan Isidro était tant aimé par le peuple de Samaná, et quelques points que nous allons découvrir plus tard, nous laisseront déduire qu’ils avaient en général des idées progressistes.

C’est Eulagia, ma voisine, qui m’a raconté toute cette histoire. J’ai connu Eulagia pendant le premier confinement du au covid19. Malgré qu’elle habite presque à côté de chez moi je ne l’avais jamais croisée. Tout cette histoire de virus a bien changé les habitudes des gens. Moi qui sortais tôt le matin, qui revenais tard le soir du travail, qui me tapais plus d’une heure de trajet, qui courrais les week-ends aux supermarché vite fait pour faire les courses de la semaine, je me suis trouvée en télétravail à la maison, avec l’habitude de faire des courses au moins deux fois par semaine dans le marché du village. C’est là que j’ai croisé Eulagia la première, la deuxième… la énième fois pendant mes courses.  Et dans chaque rencontre, l’histoire de Tania m’était dévoilée.

 Elle-même l’avait entendu d’Irunú, qui selon le témoignage d’Eulagia, et sur des preuves concrètes, était aussi une des descendantes de Juan Isidro. Elle a même insinué plusieurs fois qu’Irunú serait la sœur ou demi-sœur de Tania, mais je ne mettrai pas ma main au feu à propos de cette information. Je n’ai rien su non plus sur Ña Dolores, je crois qu’une des raisons vient du peu d’importance qui se donnait aux femmes à cette époque. En plus il n’y a eu que des garçons dans la famille jusqu’à l’arrivée de Tania, et le prénom Dolores s’est perdu par la suite.

Juan Isidro et Juan Isidro de la Vega ont été chacun deux fois président de La République Dominicaine.  Rien de remarquable sur Juan Isidro de la Barria n’est connu. Sauf le fait qu’avec une profonde conviction d’équité et de bon samaritain il a distribué les terres qui appartenaient à la famille depuis un siècle, les terres de Samaná, aux pêcheurs de la région. Comme ça. Il les leur a donné en cadeau. De braves hommes qui à peine avaient de quoi manger. Sauf que, dans un des détours inattendus du destin, quelques années plus tard les pêcheurs, réunis dans une coopérative ont décidé de vendre les terres à des étrangers et sont partis découvrir des nouveaux horizons loin de la République Dominicaine. Pour contribuer à cette situation fâcheuse, son fils Domingo, en plus de rompre la tradition des prénoms, a refusé toute participation à la politique et est devenu un écrivain fameux.

Tania est née à Santo Domingo, mais a passé son enfance et a fait ses études d’ingénierie au Venezuela où son père a été nommé consul pour quelques années, à la suite desquelles il est reparti, du Venezuela et de la vie de Tania. Encore une lacune sur laquelle Eulagia essaie d’avoir plus de renseignements.  Tania, Irunú, des prénoms difficiles à oublier, en tout cas pour Eulagia, qui se rappelle toujours d’une maitresse d’école appelée Melody.  Eulagia a toujours attendu que Melody fasse une carrière de chanteuse, mais elle est partie un jour enseigner ailleurs.  Je n’ai pas osé lui demander ce qu’elle attendait de Tania et Irunú, mais une chose est sure, elle bien aimé ces prénoms.

Eulagia a connu Tania en France, elle était enceinte de son premier enfant, une fille.  Elle a su plus tard, quand Tania lui a envoyé une lettre avec quelques photos, qu’elle s’était mariée avec le père de l’enfant.

Elle ne sait pas si Tania est heureuse ou pas, mais elle n’arrête pas de se dire que si Juan Isidro de la Vega, n’avait pas donné ses terres, si Domingo n’avait pas été nommé consul au Venezuela, Tania serait maintenant la Marquise de Samaná.

 Et je vous aurais raconté une autre histoire.

Et si le covid19 n’avait pas existé je n’aurais pas connu Eulagia et je n’aurais pas eu une histoire à vous raconter.

Tania marquesa de Samaná

Todo comienza hace mucho, mucho tiempo, en el mil ochocientos en la cuidad de Samaná, en la península de Samaná. Es allí donde Juan Isidro nació y obtuvo, ya nadie se acuerda como ni en qué circunstancias, el título de Marqués. Tenemos sobre todo que señalar que él era muy respetado y amado en la región y que estaba considerado como un hombre justo y caritativo. Él era dueño, podemos decirlo sin exageración, de las tierras de toda la península.

La península de Samaná, en la República Dominicana, es una región llena de maravillas naturales que cuenta todavía en la actualidad con algunas impresionantes playas vírgenes. Un verdadero paraíso de aguas turquesas y cristalinas que se confunden con la arena blanca y tibia. Un lugar donde uno puede perderse en el medio de una vegetación exuberante escuchando solo la propia respiración y el canto de los pájaros. Simplemente, un paraíso terrenal.

Juan Isidro se casó con Ña Dolores. Parece ser que ña, doña, viene de “donna” en italiano. Es bien conocido que a los hispanos parlantes de América no les gusta mucho las dobles consonantes. Entonces, primero sacaron una “n” que estaba de más y para hacer más linda la escritura y darle un estilo rococó le agregaron una tilde a la “n” que quedaba, para que no estuviera tan sola. Finalmente, para no gastar saliva y porque a veces son un poco vagos, utilizan solamente Ña. 

Como cuenta García Márquez en Cien años de soledad y hay que reconocer que es la más estricta realidad y no una marca de estilo del autor, en la región de Samaná era una costumbre de llamar a todo el mundo con el mismo nombre. Costumbre que se heredaba de generación en generación, de padre a hijo, de madre a hija. Mismo en mi familia yo tenía cinco tías abuelas que se llamaban Carmen. Para reconocer la Carmen de la cual estábamos hablando mi madre decía: es mi tía Carmen, la hija de Pepito. Pepito era el sobrenombre de su tío abuelo Vicente, y le decían Pepito para no confundirlo con su primo Vicente, que era también un tío abuelo de mi madre, quien evidentemente tenia también una hija que se llamaba Carmen.

En la región de Samaná, bueno, en todo caso en la familia que nos concierne, no era costumbre dar sobrenombre a la gente, muy familiar y vulgar. El hijo de Juan Isidro se llamaba Juan Isidro de la Vega y su hijo, Juan Isidro de la Barria. A todo esto, llegamos al año mil novecientos. El bisnieto de Juan Isidro, se llama Domingo, por algún lado se perdió la costumbre, y la hija mayor de Domingo (pensamos que ha tenido varios hijos) se llama Tania.

Casi todos los hombres de la familia se han dedicado con fervor a la política. Lamentablemente, no pude obtener información completa sobre sus inclinaciones en ese sentido. Pero el hecho de que Juan Isidro fuera tan querido por la gente de Samaná, y algunos puntos que conoceremos más adelante, nos llevarán a inferir que en general tenían ideas progresistas.

Fue Eulagia, mi vecina, quien me contó toda esta historia. Conocí a Eulagia durante el primer encierro de covid19. Aunque vive casi al lado de mi casa, nunca la había visto antes. Toda esta historia del virus ha cambiado mucho los hábitos de las personas. Yo, que salía temprano en la mañana, que volvía tarde en la noche del trabajo, que tenía más de una hora de viaje, que corría rápidamente al supermercado los fines de semana para hacer las compras de la semana, me encontré trabajando en casa, con la costumbre de comprar al menos dos veces por semana en el mercado del pueblo. Allí es donde me encontré con Eulagia la primera, la segunda … la enésima vez durante mis compras. Y en cada encuentro me contaba las diversas facetas de la historia de Tania. Ella misma la había escuchado de Irunú, quien según el testimonio de Eulagia, y sobre pruebas concretas, también era descendiente de Juan Isidro. Incluso insinuó en varias ocasiones que Irunú sería hermana o media hermana de Tania, pero no voy a poner la mano en el fuego por esta información. Tampoco supe nada de Ña Dolores, creo que una de las razones es que en esa época no se daba mucha importancia a las mujeres. Además, solo había hijos varones en la familia hasta la llegada de Tania, y el nombre Dolores se perdió a partir de entonces.

Juan Isidro y Juan Isidro de la Vega fueron dos veces presidentes de República Dominicana. No se sabe nada destacable de Juan Isidro de la Barria. Salvo que con una profunda convicción de equidad y de buen samaritano repartió las tierras que habían pertenecido a la familia durante un siglo, las tierras de Samaná, a los pescadores de la región. Así nomás. Se los dio como regalo. Hombres valientes que apenas tenían para comer. Salvo que, en uno de los inesperados giros del destino, varios años después, los pescadores, unidos en una cooperativa, decidieron vender la tierra a extranjeros y partieron para descubrir nuevos horizontes lejos de la República Dominicana. Para contribuir a esta situación, su hijo Domingo, además de romper la tradición de los nombres de pila, se negó a participar en política y se convirtió en un escritor famoso.

Tania nació en Santo Domingo, pero pasó su infancia e hizo sus estudios de ingeniería en Venezuela donde su padre fue nombrado cónsul por unos años, tras lo cual abandonó Venezuela y la vida de Tania. Otro vacío de información sobre el que Eulagia está tratando de averiguar más. Tania, Irunú, nombres difíciles de olvidar, al menos para Eulagia, que siempre recuerda a una maestra de escuela llamada Melody. Eulagia siempre esperó que Melody hiciera una carrera como cantante, pero un día se fue para enseñar en otro lugar y parece ser que nunca se dedicó al canto. No me atreví a preguntarle qué esperaba de Tania e Irunú, pero una cosa es segura, le gustaron esos nombres.

Eulagia conoció a Tania en Francia, estaba embarazada de su primer hijo, que fue una niña. Más tarde se enteró, cuando Tania le envió una carta con algunas fotos, que se había casado con el padre de la niña.

No sabe si Tania está feliz o no, pero sigue pensando que, si Juan Isidro de la Vega no hubiera cedido su tierra, si Domingo no hubiera sido nombrado cónsul en Venezuela, Tania sería ahora la Marquesa de Samaná.

Y seguramente Eulagia me habría contado otra historia.

Pero si no hubiera existido covid19 yo no habría conocido a Eulagia y no tendría esta historia para contarte.